Entretien avec Vincent Dutot, Responsable chaire Digital Business ESG Management School

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Vincent Dutot digital businessVincent Dutot est professeur associé et co-titulaire de la Chaire de recherche Dcube à l’ESG Management School. Il détient un MBA et un Ph.D de l’Université Laval (Québec) en gestion des systèmes d’information. Ses domaines de recherche sont notamment le social media, l’e-réputation, les business model, l’alignement stratégique des technologies de l’information et la diffusion des connaissances au sein des PME. Il a également travaillé comme consultant TI pour les PME, le gouvernement et dans le secteur privé pendant près de 10 ans.

Quel navigateur digital êtes-vous ?

Je dirais que je suis un touche-à-tout. Je m’explique, je navigue sur le Web à partir des supports aussi variés que l’ordinateur, le smartphone, la tablette, les montres connectées (bonheur de la course à pied) ou encore les liseuses. Je cherche avant tout l’information pertinente (ce qui devient de plus en dur à trouver), souvent relayée par mon réseau et en lien avec mes envies du moment (professionnelles ou personnelles).

 

Quels sont les sites sur lesquels vous vous plaisez à naviguer ?

Ca va dépendre de ce que je cherche. Je vais très souvent sur des sites américains ou québécois pour du contenu digital (Wired faisant partie de mes favoris) et je suis des blogueurs / experts influents en digital (comme Vivek Wadhwa).

Pour les informations sportives, encore une fois des sites référents internationaux (NHL.comNBA.com) ou nationaux (l’Équipe notamment). Ce que je cherche à ce moment-là c’est plus la qualité du contenu proposé et les analyses ou les statistiques en temps réel.

Dans un autre ordre d’idée, je dois dire que je trouve notamment au travers de LinkedIn pas mal de contenus qui me permettent de faire une veille stratégique sur le digital, intéressante et plus professionnelle.

 

La dernière sirène (campagne) qui vous a interpelé(e) ?

J’aime particulièrement la campagne Adidas pour se relancer sur le marché du running, où la marque est moins présente en France. On voit avec Boost/ Battle run une grosse campagne avec création de contenu sur le site de la marque, des relais sur les media sociaux (pages Facebook gérées par des responsables de quartiers de Paris), prix à gagner basés sur du contenu créé par les coureurs chaque semaine lors de leur run (stickers à poser dans Paris avec le # du quartier que l’on représente).

La campagne dure 9 mois avec des montées en puissance chaque mois basée sur l’affrontement des quartiers. Et les prix remportés le sont à partir des meilleures photos postées sur Instagram notamment.

 

Contre quel(s) courant(s) résistez-vous ?

J’ai beaucoup de mal avec un réseau social particulier qu’est Twitter. Je trouve que sur ce réseau plus que sur n’importe lequel, on est juste sur du transfert de contenu, pas ou peu de création brute. J’ai aussi un peu de mal avec le terme « big data » comme nouvel élément. L’analyse de l’information a toujours été présente et son utilisation pour optimiser la stratégie également.

 

A l’inverse, par quel vent digital vous laisseriez-vous volontiers porter ?

Comme tout le monde je pense, les objets connectés. Je m’en sers dans mon quotidien et on en devient accro très rapidement. De plus, pour voyager régulièrement, j’ai pu en constater l’impact positif sur les individus : combien d’individus se mettent au sport, mangent mieux ou tout simplement font juste plus attention à leur santé grâce aux outils connectés ? La seule crainte est bien sûr l’utilisation malveillante des informations (comme Google Health à l’époque), mais je pense réellement que ce type de technologie peut changer non seulement l’approche individuelle des technologies, mais également la manière dont les entreprises communiqueront, créeront et agiront avec leurs consommateurs.

 

2025, Odyssée des contenus ! A quoi ressembleront-ils dans 10 ans ?

Je pense que nous serons sur deux approches de contenu :

(1) la co-création à l’extrême : Toutes les marques seront dans l’obligation de s’appuyer sur ce que les consommateurs veulent ou partagent. Les blogs, retours d’expérience, évaluation et notation seront devenus classiques et tous les secteurs seront touchés. Les marques se baseront encore plus sur les blogueurs, les forums, etc. pour se positionner.

(2) la génération automatique de contenu : avec tous les outils connectés à notre disposition, il sera possible à l’avance, en s’appuyant sur le passé de chaque individu / chaque marque, de créer du contenu dédié, en lien avec ce que nous voulons. La création ne sera donc pas uniquement réservée à des experts, mais marchera encore plus de manière collaborative.

 

Votre job « next génération » : ce qui va révolutionner votre métier dans les prochaines années ?

Je pense que je suis déjà dans une révolution. Les MOOC ont changé fortement les manières d’apprendre, de transmettre et de partager les connaissances. Cela a obligé la plupart des institutions à réfléchir sur la valeur ajoutée de leurs enseignants, de leurs enseignements et sur les outils de communication. Dans l’ensemble, c’est une très bonne chose car les étudiants sont eux aussi dans une nouvelle forme d’apprentissage (chercher le contenu sur Internet), à nous de nous adapter.

 

Votre Nord, votre conviction… en matière de communication digitale ?

Selon moi, il faut avant tout retenir que la technologie est un SUPPORT et non une FINALITÉ. À partir de cela, je suis plus à dire : qui sont mes utilisateurs, mes consommateurs, quel contenu je veux présenter, etc. En fonction des réponses, je choisirai l’outil de communication digitale (le support, réseau ou canal) le plus approprié. Mais pas l’inverse.

 

 

Article publié par Etienne Mertzeisen.

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